[Semaine 6] "Mes chers parents" (terminé)

Keen ouvrit la porte de la tour. D'après le panneau à l'entrée, c'était l'endroit recommendé afin de donner de ses nouvelles à quelqu'un de l'extérieur. A droite, dans une très grande cage voletaient des hiboux par centaines. Leur hululements arracha une grimace à Keen qui se dirigea immédiatement vers la gauche. Là, il y avait une longue rangée de tables sur laquelles reposaient soient des ordinateurs dernier cri, soit un kit complet de papier à lettres et d'encre. Il s'asseyit à une table, devant une feuille de papier et un stylo-plume - les parents de Keen n'avaient pas d'ordinateur - et, portant le bout de son crayon à ses lèvres se mit à réfléchir. Il avait fugué de chez lui il y a deux semaines et ses parents devaient être morts d'inquiétude. Du moins, Keen l'espérait. C'est pour ça qu'il ne pouvait pas écrire, la bouche en coeur : "coucou papa et maman, j'ai fugué et je suis en train d'étudier la magie comme vous me l'avez interdit ; sinon ça se passe bien au village ?". Il soupira : pourquoi leur écrire ? Il n'étaient même pas sûrs qu'ils l'aimaient alors pourquoi leur donner de ses nouvelles ? Et lui, les aimait-il ? Mais, même si il ne les portait pas dans son coeur, la plus sage des décisions est quand même de leur expliquer les raisons de sa fuite. Il resoupira et commenca à écrire de sa plus belle écriture : "mes chers parents". Il réfléchit longuement avant d'écrire ; pourtant, une fois lancé, il ne s'arrêta plus. A chaque phrase écrite lui en venait une autre si bien qu'il passa une bonne heure à expliquer les raisons de sa fugue, son envie de devenir grand élémentaliste. Il conclua sa lettre par un "je vous aime". Hésitant, il rajouta malgré tout "embrassez Lynette de ma part". Ce fut sans doute le plus dur à écrire mais il devait avouer que même sa soeur qu'il détestait tant lui manquait. N'en pouvant plus, il enfouit sa tête dans ses bras croisés sur la table et se mit à sanglotter silencieusement. Il se sentait si bien ici - malgré deux incidents, un en cours et l'autre à la salle d'étude - mais sa famille - voire tout le village - lui manquait. Il se redressa lentement et signa d'une main tremblante "Keen".
Il sursauta en entendant la porte de la tour s'ouvrir en grincant. Pris par surprise, il sêcha rapidement ses larmes, plia sa lettre et se retourna pour voir celui qui venait d'entrer.

Yiliv cherchait la Tour de Communication et après avoir demandé le chemin à quelques personnes, elle la trouva enfin. Elle trouva une porte, la seule porte après avoir vu le panneau. Elle posa sa main sur la poignée et entra. Mais lorsqu'elle commençait à entrer dans la pièce, elle aperçue Keen et elle s'immobilisa, regardant le sol.

" Excuse-moi je...je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un, j'aurais du frapper avant d'entrée pardon. "

Elle leva un oeil vers lui pour voir s'il n'était pas trop fâcher. Elle était assez loin de lui mais elle avait l'impression que ses yeux brillaient. Elle ne se posa néanmoins pas plus de questions. Elle reprit ensuite :

" J'aurais voulu envoyer une lettre à mes parents pour leur raconter comment c'est passé mon arrivée...tu peux me montrer où il faudra que je la mette ? "

Tout en parlant, Yiliv nouait et dénouait ses doigts.

Yiliv... la jeune fille de la veille. Elle bredouilla quelques excuses puis attendit une réponse le regard fuyant. Keen la dévisagea. Pourquoi était-elle si gênée ? S'était-elle rendue compte pour les larmes de crocodiles du jeune élementaliste ? Keen se mit à rougir. Il n'aurait voulu pour rien au monde mettre mal à l'aise la jeune fille.
Se rendant compte que ça faisait déjà quelques secondes qui la regardait avec interêt et, se rendant compte que son attitude et son silence pouvait être gênants, il se leva précipitemment :
- Bien... bien sûr !
Il lanca un regard circulaire sur la salle avant de lui expliquer :
- Si tes parents ont un ordinateur, tu peux leur envoyer un mail (il désigna les postes à sa gauche) ou leur écrire ici (il pointa du doigts les feuilles sur les tables).
Puis il baissa les yeux, gêné, et frotta une tâche invisible sur le sol avec son pied, comme à son habitude, n'osant rompre le silence.

" Oui, merci...et si on envoie une lettre, où faut-il la postée? "

Yiliv était un peu mal à l'aise et trouvait se silence un peu lourd. Tous deux étaient gênés alors évidemment ça ne faisait pas avancer les choses. Elle décida de prendre un peu plus d'entrain et d'être de bonne humeur pour qu'ils puissent se parler tranquillement.

" Tu écrivais une lettre à ta famille ? Si ce n'est pas indiscret ? Tu peux m'en parler ? Tu es le seul que je connaisse un tant soit peu alors soyons amis et racontons-nous notre vie ! "

Elle lui désigna un doux sourire de jeune fille et ses yeux se mirent à briller à elle aussi, comme s'il y avait une lueur d'espoir. D'espoir pour quoi ? Pour qu'il accepte sa proposition. Elle voyait bien que Keen était plutôt du genre timide et elle l'était elle aussi, mais elle faisait des efforts pour être ouverte à tous et vaincre ainsi cette timidité.

Le sang de Keen se glaca à la demande de sa désormais nouvelle amie.
- C'est... personnel, je suis désolé.(Puis, ne voulant pas gêner son amie : ) Ce n'est pas contre toi !
C'est fou ce qu'une simple réplique pouvait glacer l'ambience. Le silence qui pesa alors sur la tour, seulement troublé par les hululements agaçants des hiboux, fit rougir l'élémentaliste qui rajouta :
- C'est une lettre pour mes parents. (Re-grand silence) Heu... ... pour la poster, faut la donner aux hiboux mais je sais pas comment faire, y'as surement un panneau quelque part.
Honteux. Keen se sentait honteux. Pourquoi ne pouvait-il pas en parler ? Pourtant, Yiliv semblait si gentille, si avenante... alors pourquoi ?
- Et toi ? Qu'est-ce que tu as à faire ?

Yiliv détourna son regard de Keen.

" Ce n'est pas grâve, si tu ne veux pas en parler je ne vais pas t'y forcer, je comprends que tu ne veuilles pas parler de ta famille à presque une inconnue. "

Elle releva les yeux vers lui avec un sourire désolé. Elle reprit.

" C'est étrange de confier la lettre a un hiboux, même si ses animaux son intelligents...moi aussi j'envoie une lettre à ma famille pour raconter mon arriver ici et les rassurés, tu ne peux pas t'imaginer les litres d'eau qui ont coulé quand j'étais à l'aéroport ! Ca m'avait vraiment étonnée parce que j'ai une grande famille et j'avais plutôt l'impression qu'on ne faisait pas beaucoup attention à moi...comme quoi on peut toujours se tromper et avoir de fausse impression. Bon voilà je vais commencer à écrire. "

Elle se dirigea vers le bureau, prit une plume et du papier et commença à écrire. Son écriture était fine et en italique. Elle ne mit à peine 5 minutes à la rédiger, n'ayant encore pas grand chose à raconter. Elle la signa, relisit sa lettre, un sourire aux lèvres, la plia et se leva. Elle commença à faire le tour de la pièce cherchant une indication quelconque pour pouvoir envoyer sa lettre.

" On a qu'à chercher ensemble le moyen d'envoyer ses lettres ?! "

[ Je prends l'initiative d'inventer un peu l'organisation de la pièce ; si ça dérange quelqu'un, je change. ]
Keen regarda à une distance raisonnable Yiliv écrire sa lettre. Elle semblait si joyeuse, si heureuse qu'il en était presque jaloux. Puis la jeune fille se leva et proposa :
- On a qu'à chercher ensemble le moyen d'envoyer ses lettres ?!
Keen lui sourit, comme pour s'excuser de son attitude de tout à l'heure.
- Si tu veux.
Il se dirigea, Yiliv à ses côtés, vers la cage aux hiboux. Il tira la porte métallique et entra dedans, laissant le soin à Yiliv de la fermer. Il ne fit même pas attention à son impolitesse ; pourtant, d'habitude il était galant et avenant. Mais pas aujourd'hui. Il se rendit compte en fait que les hiboux étaient séparés par espèce sur des petits perchoirs qui portaient des petites étiquettes de grandes villes comme "Paris", "Tokyo", "Madrid"... Keen chercha l'espèce de Londres - des hiboux au col roux - et en prit délicatement un avant de lui attacher la lettre à sa patte. Puis il se dirigea vers la fenêtre qu'il ouvrit prudemment avant de laisser l'oiseau s'envoler à tire-d'elle. Puis se tournant vers son amie qui cherchait encore la bonne espèce, il lui dit, désormais plus jovial :
- Tu veux que je t'aide ?

Yiliv le regarda, perplex et rougit.

" Euh...oui je veux bien, je n'arrive pas à trouver le nom de mon pays, c'est le Canada..."

Elle continua à cherhcer, mais il y avait tellement de différentes sortes d'hiboux qu'elle se demandait si elle ne l'avait pas déjà raté.

" Où peu bien être se fichu hiboux ? Il y atellement de pays différents, ils devraient les classer par ordre alphabéthique ! "

Elle poussa un long soupir et s'adressa à Keen :

" Tu as réussi à le trouver ? "

Alors cette fille venait du Canada ? C'est marrant, les élèves de l'E3 viennent de pleins d'horizons ! Lui d'Angleterre, Kana du Japon, Yiliv du Canada... et Erika ? Bah, il lui demandera à l'occasion. Il se mit donc à chercher le bon perchoir. Au bout de quelques minutes de recherche infractueuse, Yiliv demanda :
- Tu as réussi à le trouver ?
Keen répondit :
- N... Oui ! Il est là.
C'était un hibou au plumage blanc et aux serres démesurément grandes. Keen le saisit délicatement et l'apporta vers son amie :
- Vas-y, accroche-lui ta lettre.

Yiliv eut une exclamation joyeuse et s'approcha de son amie. Avec un sourire, elle caressa doucement la chouette blanche. Elle accrocha son message et fit déplacer la chouette sur son poignet: elle voulait la laisser partir de son propre chef, ainsi elle pouvait vraiment se dire qu'elle avait quitté sa famille, et que c'était pour longtemps. La chouette battit de grands coups d'ailes et Yiliv se protégea le visage de sa main libre. Elle partie par la fenêtre et Yiliv la perdue rapidement de vue. Elle soupira :

" Ah je suis contente ! C'est la première fois que j'écris une lettre à quelqu'un ! "

- Ah je suis contente ! C'est la première fois que j'écris une lettre à quelqu'un !
Les deux adolescents regardèrent l'oiseau s'envoler à tire-d'ailes. Lorsque ce ne fut plus qu'une petite tâche lointaine dans le ciel, Keen se tourna vers son amie et lui dit :
- Moi non plus je n'avais jamais envoyé de lettre. Bref, il faut que j'y aille.
Il lui sourit :
- Je suis ravi d'avoir fais ta connaissance !
Sur ce, il se dirigea vers la porte de la tour.

Yiliv détourna son regard violet de l'oiseau pour le tourner vers Keen. Elle lui sourit et lui fit un geste d'au revoir de la main.

" D'accord, alors j'espère qu'on se reverra bientôt...en tout cas moi aussi j'ai été ravie de faire ta connaissance ! "

Elle le laissa partir et elle retourna dans la pièce principale pour récupérer son baton qu'elle avait laissé dans un coin de la pièce. Elle ouvrit une fenêtre, s'installa confortablement sur son baton qui flottait dans les airs et en se recroquevillant légèrement, elle passa par la fenêtre et commença à voler. Elle voulait faire une petite balade à présent. Elle se demandait si sa lettre allait mettre longtemps à arriver à destination, sûrement pensa-t-elle.

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