[S.17]Tout fini par se casser [Fini]

Malgré toutes ses réticences, Sohma s'est bien vue obligée de se rendre à l'évidence: il lui faut revoir son garde-robe. Pas que ce qu'elle a ne lui convienne pas, bien au contraire, elle ne laisserait aucun de ses habits pour rien au monde. Mais elle sait que si ce qu'elle possède, niveau quantité, est suffisant pour quelqu'un qui bouge sans arrêt, ce n'est pas le cas pour une personne plus sédentaire. Non, il lui faut acquérir d'autres vêtements. Et elle n'est pas sans savoir, à son grand dam, que cela implique des magasins.

Un énième soupir soulève sa jeune poitrine, alors qu'elle marche le long de la grande avenue débordant de gens. Son regard effectue un va-et-vient empli de circonspection face à toutes ces vitrines, plus colorées les unes que les autres. Elle tire un peu nerveusement la manche droite de son pull sésame.
Finalement, ces choses en plus, en a-t-elle vraiment besoin?

*Sohma Thalassa Halegennzu! Ce ne sont que des magasins (que?), alors inutile de faire tant d'histoires. Que diraient tes parents s'ils te voyaient trembler devant quelques petits habits? (quelques petits habits? Toute cette quantité de vêtements?!). Alors, respire profond, rentre dans le premier magasin et fais ce que tu as à faire! Et je ne veux pas... ......... qu'est-ce qui...? qu'est-ce que c'est? Cette sensation...*

Sohma s'arrête net dans son parcours. Dans un geste instinctif, elle scrute autour d'elle. Ce qu'elle a ressenti, ce qu'elle ressent encore, c'est une sensation très particulière. Et tellement forte. Forte au point qu'elle semble ressortir du sourd bourdonnement que représentent les sensations de toutes les personnes présentes. De qui cela peut-il bien venir? Cette sorte d'étouffement?
En y réfléchissant bien, quelle chance y a-t-il qu'elle parvienne à reconnaître cette personne parmi cette foule mobile? Sensation anonyme, provenant d'une personne tout aussi anonyme. Pourtant, quelques instants s'écoulent et la sensation ne diminue pas comme Sohma s'y serait attendue. Encore une fois, les yeux sombres de la jeune demi-elfe parcourent la foule. La personne, qui qu'elle soit, ne doit pas être en train de se déplacer.

C'est alors qu'elle le voit. Oui, décidément, il doit s'agir de lui, près de la bijouterie. Il se tient debout, le regard levé vers le ciel, un poing formé sur sa poitrine. Il est grand, très grand, et vêtu de noir de la tête aux pieds. Son visage est en partie dissimulé par une casquette. Sa silhouette imposante, sa tenue vestimentaire, sans doute aurait-il pu sembler effrayant. Mais Sohma ne se sent pas vraiment impressionnée. Pas dans le sens de peur en tout cas.
Elle hésite. Une fraction de seconde. Puis la voilà qui s'avance vers la bijouterie. Aucun doute, c'est bien de lui que ce dégage la sensation. Le fait de se rapprocher ne fait que le lui confirmer. Elle avance jusqu'à être à son niveau, gardant pourtant son regard obstinément tourné vers les ornements de l'autre côté de la vitre. Pendant quelques secondes, le seul bruit que l'on entend, c'est celui de la foule autour d'eux.

"L'espoir est comme le ciel des nuits: il n'est pas de coin si sombre où l'œil qui s'obstine ne finisse par découvrir une étoile."

Vraiment, étrange chose à dire. Peut-être est-ce cette sensation qu'elle ressent de lui qui l'a poussée à parler ainsi; cette sensation qui lui rappelle tellement le désespoir. Une sorte de sourire triste apparait au fond de ces yeux qui sembleraient presque noirs. Ces mêmes yeux qui continuent de fixer les objets brillants, sans vraiment les voir.

"Ce n'est pas de moi. C'est d'Octave Feuillet."

[Dix jours pour répondre, je m'améliore ! ]

Perdu dans ses pensées, accaparé par son malheur, l’elfe ne voit pas s’approcher de lui la jeune femme aux cheveux d’ébènes qui semble avoir été atteinte par son malheur. Il peste contre les cieux, crie silencieusement son désespoir à tous les dieux qu’il connaît, haït le destin ! Une petite voix le rappelle doucement sur terre, toute légère face au poids qui l’accable… Il n’a pas tout compris, n’a pas tout suivi, n’a quasiment rien entendu. Un seul mot restera gravé en lui : espoir. Un moment Mendeleïev reste interdit, écarquillant les yeux, murmurant à son tour ce mot. L’espoir… En voilà un beau mot. Un mot qu’il avait oublié, tiens. Ses yeux bleus se tournent vers l’être à ses côtés, qui lui semble être aussi douce que ses paroles. Elle regarde la vitre où scintillent d’innombrables bijoux d’or, argent et airain. Lui fixe le teint opalin de la douce, son visage aux traits fins et ses cheveux d’un noir parfait. Le mot espoir lui va bien… Après Rin la souris rousse, Purim Dame Nature, Kenfer d’Enfer, voici la personnification de l’Espoir…

Elle reprend la parole, cite ses bases mes la phrase qu’appartenait alors à Octave Feuillet n’était plus qu’à l’inconnue qui se tenait devant lui. Le sourire revint sur le visage de l’elfe des marais, timide mais sincère. Chez lui, l’espoir n’est plus qu’une petite lueur. Petite lueur qui n’éclairait plus grand-chose puisqu’il ne cessait de trébucher…

« Parfois les étoiles sont invisibles tant la brume est épaisse… »

Que de noirceur, de mots secs portés par une voix sans teint… Il n’est plus qu’un fantôme qui se traîne difficilement sur une terre sans amour. Il n’a toutefois pas le droit de se laisser aller ainsi, il doit être fort ! C’est un guerrier, et non pas un pleureur. Il a vu pire comme situation ! Mais la perspective d’encore une fois perdre un être cher assombri son cœur et rend son esprit faible. Il ne veut plus souffrir, plus jamais. Une profonde inspiration et voilà qu’il affiche un air bienveillant et sans soucis alors que son cœur, encore est toujours est enserré d’épines.

« Vous êtes étudiante à L’E3 ? »

La douce lui laissait une impression de déjà vu, de déjà croisée dans les couloirs de Laokess mais il n’arrivait pas à savoir où il l’avait vraiment aperçue. Peut-être au fond d’une salle de cours ou alors dehors, assise sur un banc… Mais elle lui semblait si jeune qu’elle ne devait être qu’élève, non ?

« Parfois les étoiles sont invisibles tant la brume est épaisse… »

Étrange comment ces mots, mais surtout la voix qui les dit, semblent en accord avec la sensation qui avait attiré l'attention de Sohma alors qu'elle marchait dans la rue.
Par une sorte de pudeur propre à son caractère, Sohma a appris a contrôler son pouvoir, à se fermer aux sensations qu'elle ne considérait pas lui appartenir. Mais là, aussi haut qu'elle monte les barrières, elle continue à le ressentir un peu. Ce même sentiment qui a été transmis par la voix.
La jeune se décide enfin à lever le regard vers la personne en face d'elle. Et de son mètre soixante huit, il lui semble le lever vraiment haut. Il est grand. Il lui semble beaucoup plus grand maintenant qu'elle est à côté de lui que ce qu'il lui avait semblé de loin. Le mot géant vient comme par lui-même au jeune esprit. Puis lorsque son regard est enfin arrivé au bout de l'interminable torse, elle se rend compte qu'un sourire l'attend. C'est un sourire peut-être un peu incertain, mais un sourire tout de même. D'ailleurs, curieusement, c'est cette incertitude même qui semble le rendre sincère. Les traits de la jeune femme s'adoucissent légèrement à cette vision. C'est un peu comme si elle sourit à son tour, bien que ses lèvres n'aient pas bougé. Puis d'une façon presque inconsciente, son regard examine le visage devant elle. C'est un visage plutôt plaisant à voir, mais ce qui retient surtout son attention, c'est qu'il semble la mettre un peu en confiance. Quant à pourquoi exactement, elle ne saurait pourtant pas vraiment le dire. Quoi qu'il en soit, il semble presque lui faire oublier la taille imposante de l'elfe. Oui, parce qu'il s'agit bien d'un elfe, comme le laissent aisément deviner ces deux oreilles pointues à chaque côté de la casquette. Un elfe parmi cette masse humaine. Sohma décide pourtant de laisser la surprise pour plus tard. Il ne lui a fallu qu'une seconde pour prendre toutes ces informations. Puis ses yeux croisent ceux de l'étranger. Ils sont bleus, d'un bleu si pur. Mais les prunelles vertes se détournent presque aussitôt. Sohma n'a pas l'habitude de fixer dans les yeux pendant très longtemps. Elle est parfaitement consciente que son regard est particulièrement expressif (petit revers à son don?), et depuis toute jeune elle a appris à ne pas regarder trop directement les gens.

L'expression du géant semble soudain changer; les nuages qui assombrissaient son front semblent se dissiper, comme emportés par le vent. Étrange, cette différence entre l'avant et l'après; entre cet air grave et cette nouvelle insouciance. Sohma s'empêche de se demander si le changement a réellement eu lieu. Après tout, s'il affiche cet air, c'est qu'il veut que ce soit ça qu'on voie, n'est-ce pas? Alors, oui, elle va le croire.
Puis voilà qu'il prend de nouveau la parole, qu'il lui pose une question. En l'entendant, un sourire apparaît sur le lèvres de la jeune fille, illumine son visage. Semble-t-elle donc jeune au point qu'on puisse la prendre pour une élève?

"Non. Non, je ne suis pas élève. Mais par contre, j'ai bien un lien avec l'E3. Je me suis présentée en tant que surveillante. Mais, j'y pense, si vous me posez la question, peut-être vous-même faites partie de l'école?" Ses yeux pétillent peut-être très légèrement alors qu'elle ajoute: "Je me permets de supposer que ce n'est pas en tant qu'élève?"

Une nouvelle fois, le sentiment semble surpasser ses barrières, chatouillant ses sens. « Parfois les étoiles sont invisibles tant la brume est épaisse… ». Elle hésite, puis prenant une soudaine inspiration, comme pour se donner du courage:

"Peut-être... peut-être êtes-vous occupé. Mais, si ce n'est pas le cas, pourriez-vous venir avec moi?"

[Je te permets de me pendre pour la vitesse à laquelle j'ai répondu et l'horrible texte que je t'ai pondu (même s'il est pas si laid que ça.)]

Elle n'est pas élève ? Ah ? Mendel le pensait, pourtant... Une surveillante. Ils sont tous jeunes et innocents ! Ils ne peuvent pas avoir des rides et des courbatures, qu'on puisse les distinguer des élèves ? Conscient de sa bêtise l'elfe rougit légèrement alors que la jeune femme lui retourne la question et l'accompagne d'une seconde. Il bafouille, tente de s'excuser tout en se présentant, bref, c'est un véritable bazar dans sa tête comme dans sa bouche. A croire que sa langue est devenue folle. Il devrait y être habitué pourtant, il dit tant de bêtises ses derniers temps. Et en fait temps. Les autres ne cessent de le lui faire remarquer, en premier lieu l'intendante.

« Oh... Excusez-moi j'ai pas fait... Je suis prof'... J'vous ai prit pour une élève c'est bête... Vous semblez si jeune... heu chuis prof... De caro... concombre... De combat. »

Mais qu'est-ce qui lui prend d'être si nerveux ? Sûrement toute la tension accumulée qui vire au court-circuit. Qu'on puisse lire en lui et y déceler de la tristesse... Qu'il s'emmêle tout seul les pinceaux... Dise des âneries... Ce n'est plus une simple rougeur sur ses joues, c'est une teinte cramoisie qui l'atteint même au front. Il se reprend finalement après avoir passé une main dans ses cheveux, expirant longuement. Tu parles d'un professeur de combat ! Même pas capable de garder son sang froid... Prof de concombre. Il cultive l'idiotie, oui.

« Excusez-moi, je suis d'un naturel nerveux... »

En plus d'être anxieux, pessimiste, fainéant, râleur. Mais ça, la demoiselle en fera la découverte plus tard, du moins l'espère t-il. Un sourire doux, il semble avoir retrouvé de la contenance et reprend la parole, tentant d'oublier la honte qui venait de lui tomber dessus. Il a la chance de rencontrer une nouvelle personne, autant en profiter ! Il a beau être à l'E3 depuis un moment, il ne connaît pas grand monde.

« Si je suis ici, c'est que je n'ai rien à faire... Je n'ai pas d'objection pour vous accompagner... On m'appelle Mendeleïev. Et vous, vous êtes ? »

Qu'elle le trimballe où elle veut, tant qu'elle lui change les idées. Bien qu'il affiche un visage tout à fait charmant, son cœur ne cesse de se compresser, ses yeux désirent pleurer mais lui refoule tout cela, ne veut rien laisser paraître. Il veut être fort. Mais être fort, est-ce vraiment se voiler, se cacher, renier ses sentiments, devenir bloc, roche, glace ?

[Au lieu de te pendre, je te souhaite une bonne année 2009 ^^ (avec un peu de retard...). A mon tour de m'excuser pour le temps de réponse. Et après, pour ce qui est du texte, je me permettrai surtout pas de le critiquer... d'autant plus que moi non plus je ne ponds pas particulièrement des perles... tant qu'on fait de son mieux, n'est-ce pas? n_n ]

Ainsi donc, l'imposant elfe fait bien partie de la nouvelle école. Il se présente, bafouille. Il est professeur de concombre. Avant que la jeune fille ne puisse se demander s'il avait voulu dire professeur de botanique, il se corrige. Il est en fait professeur de combat. Puis le voilà que, comme pour rester dans le domaine de l'horticulture, il adopte la couleur de la betterave. Malgré tous ses efforts, Sohma ne peut retenir un tout petit rire. Elle tente de son mieux de le dissimuler pourtant, elle ne voudrait surtout pas qu'il pense qu'elle se moque de lui. Ce n'est pas de la moquerie qui avait poussé la jeune demi-elfe a agir ainsi. Mais il est vrai que c'était un étrange spectacle que cet être imposant qui rougit et perd ses mots, pouvant presque donner l'impression qu'il est un petit enfant. À vrai dire, Sohma le trouve désarmant dans son désarroi.

Puis le voilà qui s'excuse, il prétend être d'un naturel nerveux. Agit-il donc toujours de la sorte? Sohma répond à ces excuses, à cette présentation de caractère par un sourire. Puis voilà qu'il semble se redresser quelque peu. Sans doute l'agitation qu'il avait ressentie s'est-elle estompée quelque peu. Il semble un peu moins mal à l'aise. Il affiche même un sourire.

« Si je suis ici, c'est que je n'ai rien à faire... Je n'ai pas d'objection pour vous accompagner... On m'appelle Mendeleïev. Et vous, vous êtes ? »

"Sohma. Je suis ravie de faire votre connaissance, monsieur Mendeleïev."

Elle répète le nom de son interlocuteur. Il n'aurait pas vraiment de sens avant qu'elle n'ait testé sa sonorité provenant de sa propre bouche. Le son semble couler comme une petite cascade sur des galets. Agréable. Monsieur Mendeleïev, l'allitération lui plait. Elle l'adopte pour lui, cet énorme être si touchant.
Lentement, Sohma se met en route, descendant l'allée qu'elle remontait il y avait quelques minutes seulement. Tous les magasins défilent, mais cette fois ils se dressent de façon beaucoup moins menaçante. Cette fois, Sohma a un but. D'un coup d'oeil, elle s'assure que le géant aux yeux clairs la suit. Elle ressent bien toujours ce léger pincement au cœur de sa part; c'en est presque désespérant. Mais elle s'est décidée de l'ignorer. Si monsieur Mendeleïev ne veut pas l'afficher ouvertement, elle n'en tiendra pas compte.
Monsieur Mendeleïev...

"Monsieur Medeleïev... Seriez-vous donc en relation avec le chimiste? Je pensais qu'il était humain, mais... on ne sait jamais vraiment, n'est-ce pas? Enfin, peut-être n'est-ce pas du tout le cas?"

Monde facsinant que celui de la chimie. Raison pour laquelle elle s'était intéressée. Raison pour laquelle ce nom lui disait quelque chose. Elle ralentit imperceptiblement, attend qu'il soit exactement à son niveau. Marcher côte à côte est tellement plus convivial. Puis la voilà qui recommence à parler:

"En tous cas, je suis contente d'avoir rencontré quelqu'un. Surtout de l'école. Et surtout si son caractère est un peu nerveux. En général il s'agit de personnes intéressantes" ajoute-t-elle avec un sourire, presque comme si elle se parlait à elle-même. "J'ai moi-même tendance à parler un peu trop quelquefois, mais cela vous vous en rendrez bien compte, je suppose."

Surtout quelqu'un de l'école avait-elle dit. Quelqu'un de l'école. Un professeur. Ça la percute soudain.

"Mais, vous êtes enseignant, n'est-ce pas? Peut-être savez-vous la raison de la réunion de ce matin? Je vous avoue que je n'y ai pas assisté. J'en ai pris connaissance un peu tard."

Elle s'était arrêtée inconsciemment alors qu'elle posait sa question.

[Un poste tous les trois mois, je suis désolé, j’ai eu beaucoup de mal avec ce Rp u_u’ Le prochain avec toi avancera plus vite j’espère…]



[Désengagé]

[Oki. Le monde du RP est nouveau pour moi... c'est sans doute pourquoi ^^''. *forge, forge* (après tout, c'est en forgeant...)]

Quand elle s'arrête, Sohma voit l'imposant elfe continuer. Difficile de ne pas pouvoir suivre sa progression alors qu'il semble dominer la foule d'au moins une tête. Elle peut tout aussi facilement voir lorsqu'il demi-tour et qu'il vient se mettre debout devant elle. Puis voilà qu'à sa question, il semble à nouveau s'éloigner, bien qu'il n'ait pas bougé d'un pouce. Non, c'est son esprit qui semble soudain terriblement lointain.

En quelques mots, il lui apprend une nouvelle qui la surprend, pour le moins qu'on puisse dire. Des élèves qui disparaissent? Une seconde, le directeur aussi? Mais elle n'a pas le temps d'y réfléchir beaucoup plus longtemps. Voilà que Monsieur Mendeleïev l'attrape par les épaules, avec vivacité. Sohma ne peut pas s'empêcher d'avoir un très léger mouvement de recul. Tout à coup, elle est heureuse de la fraicheur ambiante qui régnait depuis ce matin, d'avoir eu a mettre son pull. Le contact est pourtant extrêmement bref. Bientôt il la lâche. Mais ses yeux restent sur les siens. Ils lui crient quelque chose, mais Sohma n'est pas sûre de pouvoir comprendre.

Quand il lui avait dit que Mendeleïev n'était pas son vrai nom, elle n'avait pas insisté. Il lui avait semblé évident que c'était un sujet sur lequel il n'aurait pas aimé s'étendre. C'est pour cela qu'elle n'avait posé aucune question. Elle n'avait même pas fait de commentaires quand il lui avait expliqué son origine. Sans doute en temps normal aurait-elle dit quelque chose, posé des questions. Mais là, elle n'avait rien dit. Elle n'avait pas poussé le sujet ne serais-ce que quelques millimètres plus loin. Après tout, tout le monde a quelque chose dont il ne préfère pas parler. Mais là... ce n'est pas pareil. Elle en est pratiquement sûre, il veut lui dire quelque chose. Mais quoi?
La bouche de la jeune s'ouvre, mais le son qu'on entend est celui d'une voix beaucoup plus grave:

« Je suis désolé… Mais j’ai quelqu’un à aller chercher. Il n’aime pas les fraises, lui. »

Le voilà qui salue avec quelque maladresse. Puis après ce vague hochement de tête, il la contourne et rebrousse chemin, se frayant du mieux un passage parmi la foule. Sohma le regarde alors qu'il s'éloigne de sa foulée qui doit bien valoir deux ou trois de celles de la demi-elfe. Puis voilà celle-ci qui met ses mains en forme de cornet autour de sa bouche.

"Bonne chance! J'espère que vous pourrez trouver la personne que vous cherchez!"

Quelques passants se tournent vers elle avec surprise; elle n'en tient pourtant pas compte. Son cri aura-t-il atteint le professeur? Elle n'en est pas certaine. À la recherche de quelqu'un. Ses mains descendent lentement jusqu'à retrouver leur place initiale. Pourrait-il s'agir d'un élève? « il n'aime pas les fraises, lui. », de toute évidence quelqu'un à qui il tient.

Son regard sombre va vers le ciel. Il lui reste encore des heures de soleil. Quand ses yeux reviennent vers le bas, elle n'est pas surprise de se rendre compte que de l'elfe imposant, il ne reste aucune trace.
Un soupir. Puis la voilà qui cache ses mains au fond des poches de son jean. Bon. Elle est ici, autant remplir la tâche qu'elle était venue accomplir. Évitant presque miraculeusement toutes les personnes sur son chemin, elle disparaît dans la boutique de vêtements la plus petite de la rue.