[S13] J'ai un petit problème (dans ma plantation) (Fini)

[Le premier épisode, c'est ici.]

*Ca y est, je reconnais! J’y suis bientôt !*

A gauche après le grand sapin, cinq pas vers l’avant, a droite après l’arbre anormalement petit et enfin… Crac !
Eraykes passa de l’exaltation à la terreur en un demi battement de cœur. Tous les muscles de son corps le poussaient vers la tactique ultime face au danger : la fuite ! Il fit trois pas et se cacha derrière un arbre, le temps que le flot d’adrénaline qui lui parcourrait les veines s’estompe. Le cœur toujours tambourinant dans sa poitrine, il osa – comble du courage – jeter un œil vers l’endroit ou il s’était trouvé quelques secondes auparavant. Très lentement, déroulant chaque muscle de son cou, il fit dépasser sa tête du tronc de l’arbre. Et là…
Il vit une inoffensive pomme de pin en train de rouler inoffensivement sur l’herbe inoffensive de l’inoffensive forêt. Eraykes se laissa glisser contre le tronc de l’arbre, essayant tant bien que mal de faire ralentir les battements de son cœur a coup de longues et profondes respirations. Pfiuuuuuu, juste une pomme de pin… C’aurait été un surveillant – ou pire, l’Intendante elle-même – il aurait eu une montagne de problèmes. Ce couvre-feu, quelle plaie! Et surtout dommage qu'Eraykes n'ait pas lu le panneau d'affichage!

Eraykes se remit en chemin avec l’envie de rire en repensant a la frayeur qu’il s’était fait a cause d’une malheureuse pomme de pin. Il arriva près d’un vieux chêne couvert de mousse et passa son doigt contre son tronc. Il gratouilla ainsi la surface mi rugueuse, mi gluante pendant un petit moment avant de trouver se qu’il cherchait. Son doigt s’arrêta sur une partie un peu creusée difficilement visible à l’œil nu. Son doigt parcourut lentement la lettre que formait ce petit relief creusé à la cuillère plusieurs mois auparavant. Un « P »… « P » comme… Plantation !

Eraykes écarta quelques branches et vit apparaître devant lui un étrange spectacle. Sa plantation avait énormément poussé. Il pouvait voir un jeune figuier au loin, trônant à côté d’un pommier déjà fier et grand. A leur gauche, une vigne trapue ou l’on pouvait distinguer quelques grappes de raisin vert, un manguier élancé, et un cerisier encore frêle. Plus près sur sa gauche, Eraykes remarqua comme son bel oranger avait bien poussé et comme son prunier avait pris une étrange stature courbée. Un peu plus loin sur la gauche, il vit le citronnier, l’abricotier et le poirier se serraient les coudes. Eraykes vit courir ensuite son regard sur la partie tout a droite de la plantation ou il y avait moins de hauteur mais autant de goût : les plans de pastèques, melons et fraises étaient en pleine croissance. Eraykes se dirigea vers le fraisier pour cueillir une fraise a peu près mûre, et continua sa marche vers un petit coin excentré ou proliféraient de grands arbres a goyaves et a papayes. Tout en prenant soin de ne pas se faire griffer par les ronces du mûrier, Eraykes alla s’asseoir tout près du grenadier ou il avait une vue imprenable sur le centre de sa plantation. Et c’est la qu’il remarqua qu’il y avait un problème. Eraykes fronça les sourcils, cherchant d’où venait cette impression déplaisante… Et là, il s’en rendit compte.

Put*in de m*rde ! Le bananier !

Le son de sa voix résonna dans la forêt silencieuse. Eraykes marqua un temps, ayant peur de s’être fait entendre, mais son attention de reporta vite sur le centre de sa plantation. Le bananier ! L’apothéose de son œuvre ! Par quelle malédiction sa plantation avait été touchée ? Eraykes s’agenouilla, les cheveux dans les mains cherchant à tout prix une solution.