Lundi, 5h34 du matin
Elle était assise à l’arrière de la voiture, son regard vaguait sur les derniers paysages qu’elle verrait de ce pays pour un petit moment. Sincèrement, la neige lui manquerait un peu, c’est évident. Ses parents étaient assis à l’avant de la voiture, son père conduisait et sa mère était dans une conversation intense avec son esthéticienne -qu'elle avait sans doute réveillée-. Elle voyait parfois les yeux marrons de son père se poser sur elle. Lorsqu’il voyait qu’elle le regardait aussi, il lui souriait gentiment. Alors elle retournait son regard sur la vitre, appuyant son front contre cette dernière.
Tout c’était passé rapidement. Elle venait d’avoir 16 ans et elle partait déjà du nid familial. C’est sa mère qui avait acheté le billet d’avion. Elle avait appelé après une discussion avec son mari. Aude les avait entendue. Les protestations de son père contre le fait qu’il ne voulait pas que sa fille parte aussi loin d’eux et les arguments bidons de sa mère qui disait que sa lui ferait le plus grand bien. Aude savait que sa mère s’en foutait ou presque, les crises d’adolescences de son enfant lui donnaient des cheveux blancs, elle ne savait pas gérer sa. Son père se sentait coupable pour sa part, il se disait qu’il aurait du passer plus de temps avec sa fille.
Elle eut une dernière conversation avec son père, c’est lui qui y tenait. Il s’est excusé au près d’elle, mais il n’a pas pleuré. Heureusement, elle aurait été déconcertée de le voir pleurer. Son père était honnête, ils parlèrent longtemps ensemble et la conversation tomba rapidement sur des sujets communs. À la fin de cela, son père lui remit un livre vierge, il savait que sa fille aimait beaucoup écrire, c’était son cadeau pour ses 16 ans. Et là, dans la voiture, Aude tenait le livre d’une main.
Elle vit apparaître l’aéroport, elle se tourna alors vivement vers le paysage hivernal pour en conserver le moindre détail. C’est à ce moment là que sa mère se tourna vers sa fille avec ses grands yeux brillants et un sourire flamboyant.
‘’-Alors, ma chérie? Tu as hâte de voir l’école? Je suis certaine que sa sera très bien!’’
Et elle se retournait vers l’avant tout en continuant de sourire. Aude retint un soupir face à sa mère. Elle n’avait plus 6 ans, sa fille. Elle se retourna vers l’aéroport. Elle n’avait pas pris l’avion depuis ses 3 ans et elle n’en avait guère de souvenirs. Le voyage ne l’effrayait pas, disons qu’elle ne pensait même pas avoir le mal du pays, mais loin de tout, elle allait s’en doute s’ennuyer de ses parents et amis. Son père gara la voiture et tout le monde sortit de la voiture. Son père adressa un sourire à sa fille et ils entrèrent dans l’aéroport. Aude tenait d’une main son cahier vierge et de l’autre le sac contenant son portable. Ils allèrent tout trois enregistrer sa valise puis ils se stoppèrent. Ses parents ne pouvaient pas aller plus loin. Son père s’adressa alors à sa fille.
‘’-Fais bien attention à toi, puce…et amuse-toi bien aussi, elle voyait qu’il cherchait ses mots,
prend bien soin de toi et contacte-nous aussi souvent que tu voudras, je vais regarder mes messages tout les jours. Je t’aime.’’
Ses derniers mots furent ponctués par un baiser sur le front, un sourire alla sur les lèvres d’Aude, tandis qu’elle regarda son père. Sa semblait plus douloureux maintenant comme adieu.
‘’-Moi aussi je t’aime papa’’
Sa mère plaqua un baiser sur la joue de sa fille et lui sourit du même sourire de la voiture et Aude partit.
Elle attendit les 2 heures qui la séparaient de l’embarquement en lisant un livre à l’endroit d’attente : les cerfs-volants de Kaboul. Une histoire déchirante mais qui n’arracha pas une réaction à notre jeune adolescente, elle était dans son monde. Puis l’appel d’embarquement retentit. Elle mit son signet dans son livre et entra à l’intérieur de l’avion, elle était assise dans les dernières places. Elle fut étonnée par l’appareil et passa le plus clair de son temps dans l’un des restaurants à écrire dans son livre, murmurant par moment des mots à voix haute. Sinon elle discutait avec des gens sympathiques qui, seuls également, cherchaient quelqu’un avec qui parler. Malgré l'heure tardive, elle n'arriva jamais à s'endormir.
Après les quelques heures que dura le voyage, elle se sentait terriblement fatiguée. Elle sortit dans les derniers de l’avion et avait bien hâte d’aller se coucher.