En haut de sa branche, Feuille regardait le paysage. C’était si beau de voir toutes ces congénères accrochés aux arbres environnants ! Et c’était rassurant aussi, ça montrait qu’elle n’était pas la seule…oui elle n’y avait pas qu’elle qui n’avait pas encore « décroché." Sa grande sœur était partie hier, voilà maintenant une place libre à côté d’elle, Feuille espérait qu’elle n’aurait pas le temps de voir une petite sœur bourgeonner, car dans ce cas-là ça voudrait dire qu’elle est très en retard. Si elle avait pu, elle aurait frissonné.
Feuille savait parfaitement ce qui arrivait à celles qui n’arrivaient pas à décrocher. Elles se refermaient sur elles-même et leur belle couleur verte s’estompait pour laisser la place à un marron triste, leur souplesse disparaissait et elles devenaient rigides et cassantes. Alors, seulement à ce moment-là, elles se décrochent, mais seules, sans l’aide du vent et elles n’accomplissent pas « l’ultime voyage », ce pourquoi les feuilles sont nées finalement. Hélas, celles qui n’y parviennent pas se contentent de tomber lourdement, si dans la mesure où il est possible pour une feuille d’être lourde, et elles se brisent en atterrissant.
Feuille se concentra. Ça n’arrivera pas à elle, elle allait s’envoler et profiter de son seul voyage, elle en était sure ! Et Feuille avait raison. Une brise, une des premières depuis le début de la journée, arriva et caressa chaque parcelle de son arbre, pour atteindre l’impatiente. Aussitôt Feuille se sentit décrocher et elle s’envola, sous le regard envieux de ses congénères. Quelle jouissance ! Voilà le goût de la liberté ! Et ce paysage qui changeait ! Encore mieux que sur son arbre ! Des copines volaient avec elle, elle sentait que son admiration était partagée. Le vent l’emmena vers une jeune femme à la chevelure d’or. Celle-ci jouait avec le vent, et Feuille se sentait allez de droite à gauche, qu’est-ce que c’était marrant ! Puis la beauté sembla se rendre compte de sa présence et voulut l’attraper, mais Feuille n’était pas d’accord et glissa entre les doigts de la fille. Gauche, droite, droite, gauche, esquive, Feuille s’amusait beaucoup et commença à s’éloigner de Lylchaë, mais cette dernière n’était pas d’accord ! Elle commença à suivre cette belle feuille verte, et doucement elle se rapprocha de l’E3, s’en même s’en rendre compte, telle une véritable enfant entrain de vouloir attraper un papillon !
Finalement Feuille vit le sol se rapprocher petit à petit et compris que son voyage était terminé. Elle tomba dans la poussière, juste à l’entrée du lycée. Lylchaë la ramassa doucement. Tant pis elle visitera Farzer une prochaine fois, les pions arrivent, ils ont du la voir, il est trop tard pour s’enfuir. Poussant un soupir résigné, elle rentra et promis aux surveillants qu’elle était juste allez chercher une feuille pour sa collection, et sans laisser le temps de se faire réprimander, elle partit en direction des dortoirs.
Texte de Kayla