[S.16] Moisi [ Fini ]

[ Pas génial, mais j'aimais bien ^.^' ]

Tic-tac, tic-tac, tic-tac...

Le bruit incessant et casse-pied d'une montre résonne dans la caboche vide à souhait d'une jeune fille. Celle-ci tourne en rond dans une immensité verte, visiblement un parc. Quand choisira-t-elle une direction à prendre ? Visiblement, pas tout de suite. Le sol, encore humide et glissant de pluie fait un bruit étrange lorsque l'on marche dessus. Des élèves passent en courant, ça et là, comme pressés de rentrer à l'intérieur du bâtiment et de trouver un endroit chaud et confortable où ils pourront enfin s'installer tranquillement, se réchauffer et peut-être papoter ou piquer un somme. Lehane, quand à elle, continue de tourner en rond, l'air pensif. L'est-elle vraiment ? Non, pas tout à fait. Elle se demande si les vers de terre sur lesquels elle marche ont mal. Et puis aussi, qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire de si captivant pour qu'ils ne ressentent même pas le besoin de mettre le nez à l'extérieur ? Tant de questions auxquels elle ne trouve pas de réponses, et qui à vrai dire ne l'intéressent que fort peu.

Bref, elle s'ennuie.

Au bout de vingt minutes, elle s'arrête de tourner, et jette un regard circulaire aux alentours. Quelques oiseaux rejoignent en vitesse leur nid bien douillet, laissant la jeune elfe au teint cireux seule parmi le ciel gris et la terre gorgée d’eau. Un regard en haut : personne qui flotterait, et aucuns insectes répugnants. Elle soupire et repère un banc encore un peu humide, mais rien de bien grave. Elle décide donc d’enfiler son ciré qu’elle tient sous le bras depuis plus d’une demi-heure et de s’asseoir sur le banc, ce qu’elle fait avec une mollesse incroyable. Le bois humide ne sent pas la rose et lui mouille le derrière. Son cerveau est rouillé, et elle n'arrive même plus à penser. Le ciel reste obstinément gris. Elle croit bien apercevoir une silhouette vaguement connue... Mais c'est si loin, et elle est tellement raplapla. Comment savoir si elle ne se trompe pas ? ... Pourquoi est-elle sortie, en fait ?

[ Edit : Désolée Rin, j'espère que là ça va n_n ]

Que répondre à tant de gentillesse, tant de charme, tant de beauté ? Ces paroles aussi douces que le miel avait flirté les oreilles fines de l'enfant. Non ce n'était pas de l'amour ni de l'admiration. C'était une envie, une envie plus forte que l'agrume, cet arbre tropical, cultivé pour ses fruits tels les oranges et les citrons. Pourquoi se mettait-il à pensé à un arbre tropical ? Pour ne pas sauter sur cette elfe dont le caractère était aussi développé qu'un caniche. Foutu chien hargneux...

Non, là en ce moment même, il s'agissait d'une femme, plus exactement d'une elfe et l'artiste avait décidé d'avoir une relation amical avec elle. Oui, il avait anticipé cette attaque de la femme.

*BON SANG ! Mais je te vouvoie c'est pas assez ? S****e ! *

C'est avec un rire terne dissimulé que le jeune homme répondit en quelques sorte à la phrase piquante de son interlocutrice. Garder son calme était l'une de ses priorités. Même si la raison de tout cela commençait à s'effriter tout doucement. Il reprit d'une voix calme, s'approchant en même temps.

"- Je suis Lilium, un simple humain. Je suis désolé de ne pas m'être présenté plutôt. J'ai du oublier"

*Ouai, c'est ça, ma langue à le goût d'une limace maintenant...*

Après un rire bref qui se moquait de la bêtise de l'artiste, il s'assit sur le banc, regardant le par terre, puis sa valise. Il tourna la tête pour remarquer que la jeune elfe ne le regardait pas. Finalement il ouvrit sa valise qui fit des cliquetis et un grincement. Avec son pouvoir il sélectionna une dose d'argile. Il tint l'argile de sa main gauche et avec sa main droite, il fit bouger ses doigts de façon souple. Cette action transforma la petite meute d'argile en quelque chose de forme humaine.

Il ne savait pas trop pourquoi il sculptait sur ce banc en compagnie d'une jeune fille qu'il avait rencontré qu'une fois et sur des mauvais rapports. Il n'avait même pas décidé de ce qui allait être sculpter. Elle ? Aucune chance qu'elle veuille et puis de toute façon, ce n'était pas son genre de demander ce genre de service à quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Non, Lilium était bien plus mesquin... Il ne demandait pas...

"-Vous savez, je n'ai jamais vu d'elfe avant de venir dans cette école. Et donc je sais pas trop comment réagir en leur présence. Je sais que l'on se connaît à peine, mais vous êtes la seule elfe que je connaisse..."

Au moins le garçon avait fait preuve de franchise pour une fois. Mais au vu du caractère de la personne à côté de lui. Est ce qu'il pouvait espérer une réponse positive ? Non plutôt, est ce qu'il pouvait espérer ne pas se faire envoyer balader ? De toute façon, le jeune artiste n'attendait pas grand chose de cette conversation...

Ayant la désagréable impression qu'il se moquait d'elle, elle n'apprécie guère et tourne la tête de l'autre côté. Pour qui il se prend ce sale gosse ? Si il croit qu'il va pouvoir continuer longtemps à se fouttre de sa tête, il se trompe, et lourdement. Elle décide cependant de laisser passer sa dernière phrase, telle une brise de vent piquante. Donc, quatre semaines... Et elle ? Bah, sans doute un peu plus. Après tout ça n'a pas vraiment d'importance. Elle l'entend rire. Mais cette fois ce n'est pas de la moquerie. Ou plutôt si, mais pas envers elle. Plutôt vers lui même. Bah, tant mieux. Si il arrive à se rendre compte qu'il n'est rien de plus qu'une langue de vipère, il aura déjà fait un énorme progrès. Elle pouffe légèrement. Qui est-elle pour parler comme ça ? Un serpent. Mais a-t-elle simplement prétendu le contraire ? Et non, elle n'a même pas osé. La voix de l'enfant la réveille une fois de plus. Rien qu'en entendant cette phrase, un sourire hypocrite et sans doute très désagréable s'esquisse sur ses lèvres. Elle tourne de nouveau le visage vers son interlocuteur, qui aurait sans doute préféré qu'elle continue de regarder de l'autre côté. Tout d'abord ironique, elle ne peut s'empêcher de prendre la parole dès que le dénommé Lilium finit sa phrase.

" Tout d'abord, il y'a des elfes de sexe masculin. Tu l'ignorais ? "

Son sourire se fait plus large encore. Que c'est agréable de remarquer les petits détails qui clochent dans une phrase et de s'en servir pour rabaisser quelqu'un... Surtout quand il s'agit d'un gamin insolent.

" Et deuxièmement, tu dis que tu as du mal à t'exprimer. C'est à dire ? Si t'as temps de mal à parler que ça, tu ferais mieux de fermer ta grande bouche et de ranger ta langue. "

Satisfaite d'elle, et pas qu'un peu, elle peut désormais reprendre sa position. Comme si elle n'avait rien dit de spécial, elle resserre ses genoux contre sa poitrine et repose sa tête sur ceux-ci. Cette fois, son visage est tourné vers Lilium. Oui, car elle veut s'amuser. Et quoi de plus distrayant que de voir comment réagira le gnome à ses petites piques ? Pour l'instant, rien. Ah tiens donc, il a oublié son nom. Normal. Ah, il s'attend peut-être à ce qu'elle ne veuille pas dire qu'elle ne lui avait pas signalé ? Non, elle n'est pas aussi sournoise, elle ne va pas mentir pour passer plus... Plus quoi déjà ? Elle ne se souvient même plus comment l'on appele cela, le fait d'être gentil avec quelqu'un... Ou même seulement de... Nan, pas moyen, elle ne se souvient absolument pas comment l'on appelle cette façon de se comporter. Laissant tomber sans doute bien rapidement, elle relève la tête et laisse ses jambes tomber mollement sur le sol boueux. Elle regarde un instant ses chaussures désormais pleine de boues, croise les jambes et reporte son attention sur le Lilium en question.

" Je vois mal comment tu aurais pu oublié vu que je ne te l'ai volontairement pas donné. Et tu le sais très bien, pas vrai ? "

Elle le regarde méchamment. Nan mais quoi, il voulait la faire mentir ou qu'elle se repentisse en excuses ? Rève, mon bonhomme. Elle continue de le défier du regard, comme pour lui signaler qu'il lui arrivera malheur si il ose la contredire. Et ce, sur quel sujet que ce soit...

[ C'est quoi le truc "Lancer de dés" en dessous de la zone ou tu tapes ton message O.Ô ? ]

Sous le paysage désagréable à l'œil, Lilium écoutait les réponses de cette interlocutrice dont la compagnie est la plus horripilante qu'il n'ai jamais connu encore. Les elfes étaient tous comme ça ? Non, Andréya lui avait semblé supportable, peut-être que comme les humains, certains étaient plus fréquentables que d'autres. Dans tout les cas, hors de question de perdre la face contre cette elfe dont le but était encore plus puéril que le sien.

Quel sourire méprisable observa l'artiste qui sculptait sans le vouloir une Lehane tout craché. Alors comme ça, elle aimait piquer ? s'irritât-il à penser. Non, l'enfant savait et devait parfaitement se contrôler. Se conduire en adulte était l'une des choses les plus importantes pour rabaissé cette empotée qui adore tant provoquer les gens sur des critères inutiles. La dernière question était parfaite, elle lui donnait le feu vert pour essayer de la calmer. Le jeune garçon se releva, absolument pas intimidé par le regard de l'elfe. En effet, il le lui rendait, non ce n'était pas un regard qui se voulait méchant, c'était plus un regard sévère. Les lèvres de Lilium bougèrent finalement pour laisser place à des mots.

"- Je pense sincèrement que vous êtes la seule personne tordu ici... Il ferma les yeux avant de laisser un soupir inaudible sortir de ses lèvres. Puis ajouta comme pour conforter sa dernière affirmation. J'ignore pour quel raison, vous me haïssez. J'ai essayez d'être le plus agréable possible, histoire de sympathiser avec vous. Tout ça parce que les elfes "f-e-m-e-l-l-e-s" m'intimident. Mais, si vous ne vouliez pas de ma compagnie, au lieux d'essayer de jouer avec mes nerfs. Faites le moi savoir d'une façon claire et non aussi puéril..."

Tout ça n'avait que pour but de rabaisser l'elfe d'une manière totalement sournoise. Qui supporterait qu'un garçon en pleine puberté fasse la morale sur le comportement d'un ainé? Peu de personne ou en tout cas, d'après ce qu'avait réussi à conclure l'enfant, certainement pas cette elfe. Il ne voulait pas attendre la réaction de l'elfe, il préféra enchaîner pour en finir le plus rapidement possible avec cette histoire.

"-Bon, si vous le voulez bien, je m'en vais. Vous m'êtes plus qu'insupportable. Je suppose que c'est ce que vous vouliez ? Et bien bravo. Et au revoir."

Le cynisme du garçon était à toute épreuve. Sa revanche était simple, il ne jouait pas à son jeux de pique. Non, il la prenait simplement de haut. Quoi de plus humiliant ? Le sourire machiavélique était caché dans l'esprit du garçon. Suite à l'enchaînement de phrase, il s'exécuta, en se retournant. Avant de toucher du doigt, son œuvre fraîche. Sous la pointe du doigt, la petite chose prit vie, et sans attendre elle sauta sur l'épaule de son créateur pour regarder son double. De ses grands yeux ronds, la petite Lehane fit de grand geste du bras droit qui signifiait grossomodo, un au revoir. Partir pour laisser réfléchir seul cette elfe. Aucune chance qu'elle le laisse partir ainsi. Elle ne voudrait certainement pas perdre la face...

C'était avec une lassitude profonde que le garçon observait les gestes de cette elfe. Non... De cette femme odieuse au comportement des plus exécrables. Ce geste qui consiste à prendre son œuvre ne le faisait pas réagir mais pas rire non plus. Mais finalement, quelle importance ? Cette chose redeviendra de l'argile après que l'elfe, dont le nom lui était encore inconnu, se soit éloignée de quelques mètres. C'est d'ailleurs pour ça que la mini-Lehane se débattait. La petite œuvre lisait parfaitement les pensées de son créateur. Et elle savait que si rien n'était fait, sa vie serait prise aussi facilement qu'on le lui avait donné.

La petite vie se faisait martyrisé comme si elle était n'était qu'une vulgaire poupée. Un nouveau soupir sorti de la bouche du gamin dont la maturité semblait grandissante. Oui, il donnait l'impression que le comportement de son interlocutrice l'exaspérait. Comme si un surveillant se trouvait en face d'un enfant turbulent. Bref, il continuait de jouer le jeu de la maturité. Chose qui apparemment n'affectait pas tant que ça cette chose ignoble en face de lui. La chose avait d'ailleurs cesser de jouer avec la poupée vivante pour cette fois laisser des paroles, comme toujours, infâme sortir de sa bouche. Il encaisse assez bien la critique de cette personne. Après tout, comment une inculte à l'art pouvait elle juger de ce qui était mal fait ou bien fait ? Continuant de garder les sourcils froncés en signe de sérieux. Il continue de ne rien dire et d'écouter. Une écoute qui le laissera rire intérieurement au premiers abords et qui le laissera par la suite sur une interrogation. En effet après des paroles qui attendaient une suite, l'elfe fourre la mini-Lehane dans sa poche et s'approche ensuite du garçon. Va t-elle finalement admettre ses torts ? La voilà à présent très proche de lui, il la voit lever la main très haut.

*Non... Elle ne va pas oser...*

Une violente gifle atteint la joue de l'artiste. Sous la surprise, sous le choc et surtout sous la douleur, le garçon à une larme qui déborde de son œil droit au même moment que sa joue roussit. Comment avait elle put le gifler ? Une colère aride montait depuis le sang bouillonnant du garçon. Cette chose ignoble était réellement culotté. Mais elle ne l'emporterai pas au paradis. Il savait déjà que le petit être d'argile allait redevenir une simple chose non vivante. Il plisse les yeux pour observer le phénomène se produire pendant qu'elle marche. Les secondes passent et l'elfe s'éloigne, pourtant la mini-Lehane reste vivante. Pourquoi ? Son pouvoir serait-il encore en extension ? Il pestait contre lui-même et sa propre impuissance. Définitivement cette fois, il haïssait au plus profond de lui-même les femmes...

Cette avec une amertume des plus affligeantes que Lilium rentra dans l'école, sa valise encore pleine d'argile. Sa langue pâteuse, sa tête lui donnant la migraine, il retournait à présent au chaud et au sec. Lorsque finalement, il arriva dans son cabanon. Le désordre était de taille. Ses œuvres, Ayash et Leïla avaient passé leur temps à se combattre. Pour quel motif ? Savoir laquelle des deux étaient la préféré du maître. Un dernier soupir sorti de la bouche de l'enfant qui prit conscience que ça ne serait plus aussi facile que de rendre à ses choses d'argile leurs formes non vivantes. Ses dernières, sentant la dépression croissante de leur créateur, se blottirent contre lui lorsqu'il s'endormit de fatigue.

|Désengagé|