[S9] Bol de riz (terminé)

Les deux étudiants entrèrent dans la Grande Salle. La pièce portait bien son nom : sans doute la plus étendue de l'établissement, elle était soutenue par d'immenses piliers jaunes et rouges enjolivés par de fines gravures argentés. De larges tables aux nappes blanches chargées de plats aux arômes envoûteurs occupaient la majorité de la place et des bancs en bois finements sculptés les encadraient. Peu d'étudiants étaient déjà arrivés en raison de l'heure peu avancée et les deux étudiants n'eurent donc pas trop de difficultés à trouver une table à l'écart des autres. L'étudiant de l'Eau s'assit en face de son amie et sans plus attendre, prit deux bols blancs unis en bout de table ainsi qu'un saladier rempli d'un riz cantonais à l'odeur alléchante ; il tendit un des deux récipients à son amie avant de se servir une pleine cuillérée de riz, légèrement brun en raison de l'épice qui parfumait le met. Enfin, le garçon saisit deux baguettes devant lui et entama la dégustation du plat. Après avoir avalé une part de son riz, il avoua à son amie, un sourire enfantin aux lèvres :

"J'ai jamais goûté du riz aussi bon ! (Il fronca les sourcils, pensif) Il y a là-dedans un je-ne-sais quoi qui donne un goût succulent, du curry ou quelque chose du genre... (Il prit le loisir de servir une part à son amie avant d'ajouter avec un petit rire) Goûte, tu verras !"

Le garçon était gêné, bien qu'aucun geste ne trahissait son état d'esprit. Derrière son masque enjoué se cachait un mal à l'aise à peine perceptible : son amie s'était fait du souçi par sa faute. Quand il revoyait cette histoire d'un oeil objectif, Keen trouvait qu'il avait mal agi et que son amie avait dû en pâtir par sa faute. De par sa jalousie, son immaturité -et son manque de tact avec Mendeleïev-, il avait gâché ses vacances... ainsi que celles d'Erika...

Erika avait suivit Keen, main dans la main qu'elle n'avait pas voulu lâcher, comme si elle avait peur qu'il parte malgré tout loin d'elle.
Lorsqu'ils étaient rentrés dans la salle, elle fut un instant étonnée de sa grandeur mais également de sa splendeur. Tant de détails la laissait envoutée et charmée par le lieu. Elle suivit donc Keen vers une table à l'écart, toujours les yeux rivés sur la beauté de la salle.

Elle s'assit en face de son ami et le vit manger son riz avec un sourire aux lèvres. Lorsqu'il eut fini, et qu'il avoua adoré ce riz, elle sourit de plus belle devant son air enfantin. Elle le remercia de l'avoir servi en riz et gouta, suivant ainsi en toute confiance ses conseils. Elle trouva effectivement que le riz était très bon. Pour tout avouer, elle n'en avait jamais mangé chez elle aussi elle hésita à lui demander une nouvelle ration, ne voulant pas paraitre gourmande. Elle finit par oser lui dire de sa voix fluette, ne résistant pas à la tentation d'un plat si bon :

"Pourrais-tu m'en remettre un petit peu .. J'aime beaucoup ce riz ! Chez moi je n'en avais jamais mangé ^^ C'est délicieux, tu as raison !"

Elle essaya de trouver l'ingrédient qui le parfumait mais n'y parvint pas, ne connaissant pas cette odeur ni le gout des différentes épices.
Elle le regarda, plongeant son regard rouge sang dans le sien. Un instant, elle sourit puis se rembrunit. Elle ne voyait pas vraiment de gaieté dans ses yeux. Au contraire, elle semblait y lire de la tristesse, des regrets peut-être aussi. Elle arrêta de sourire et son regard se fit inquiet.

''Keen ..." commença-t-elle, "Quelque chose ne va pas ?"

Elle le fixa, posant ses baguettes, toutes faim envolée.

Finalement, Keen était bien différent d'Erika : à l'immaturité du premier s'opposait la politesse du deuxième ; alors que l'étudiant de l'Eau n'éprouvit aucune gêne à se resservir une deuxième fois, la jeune fille sembla hésiter avant de demander à son ami de le resservir, légèrement rouge. Le garçon lui répondit avec un grand sourire :

"Bien sûr !"

Il se leva, saisit le bol d'Erika et commenca à la reservir quand elle lui demanda si il allait bien. Le garçon, tout en tendant le bol désormais rempli à son amie, répondit calmement :

"Si. Pourquoi ?"

De toute façon, dire la vérité n'aurait fait que pourrir l'ambience. S'excuser, remettre l'histoire de Sen sur le tapis ainsi que raconter celle de Mendeleïev n'aurait fait que séparer de nouveau les deux étudiants ; aussi Keen reprit-il avec un sourire gêné :

"Je suis un peu stressé à cause de la rentrée, en fait..."

Il changea de sujet :

"Et où étais-tu pendant ces deux semaines ? Je ne t'ai pas vu !"

Erika avait cessé de manger en attendant la réponse de son ami. Lorsqu'il répondit, elle sentit comme quelque chose dans sa voix qui indiquait qu'il ne disait pas toute la vérité mais elle préféra faire semblant de le croire et ne rien ajouter. Elle le remercia également, le gratifiant d'un sourire, pour le bol de riz et en mangea distraitement.
Puis vint LA question. Celle à laquelle, elle l'avait toujours su, que ce soit Keen ou Layna, elle n'échapperait pas. Elle sembla hésiter. Dire la vérité, une partie ou rien ?

Si elle disait la vérité, alors elle devait avouer que c'était à cause de leur dispute qu'elle avait voulu s'éloigner de peur d'empirer la situation. Non, elle devait cacher cette partie de la vérité car après tout elle ne l'aimait pas cette vérité. Aussi, elle prit du temps avant de répondre.

"Je suis retournée ... enfin voir ma famille. Mais je ..."

Elle s'arrêta, ne sachant si elle devait avouer qu'elle ne les avait pas approché, restant cachée dans les sous-bois alentour, les épiant toute la journée, les larmes aux yeux sous sa forme de louve ?

"Je les ai observés sans les approcher." ajouta-t-elle dans un murmure gêné.

Elle fixa son bol avant de murmurer plus bas encore un léger "et toi ?". Elle aurait aimé lui dire qu'elle avait aussi passé plusieurs jours à le chercher mais elle tut ceci.

La question de Keen eut le même effet qu'une douche froide sur Erika ; ses yeux se perdirent alors dans le vague et ses gestes devinrent presques machinaux. Ses yeux rouges s'assombrirent légèrement et sa bouche se tordit d'un sourire forcé lorsqu'elle répondit en bégayant qu'elle était retourné voir sa famille sans pour autant les approcher. Après cette déclaration, elle se mit à fixer son bol en retournant la question à son ami. Ce dernier sentait que quelque chose n'allait pas mais que pouvait-il faire ? La pousser à en dire plus alors que lui ne lui avait pas dit toute la vérité ? Ou faire comme si ça ne l'intéressait pas ? Il répondit donc à contrecoeur :

« Moi ? Et bien je suis resté au campus. »

Il se tut. Ca n'allait vraiment pas. Le silence pesait lourd sur le coeur des deux élémentalistes qui semblaient rongés par le remord. Keen soupira donc et murmura en approchant sa tête de celle d'Erika :

« Je suppose que l'on ferait mieux de dire la vérité tous les deux, non ? »

Il soupira :

« Je me suis énormément inquiété pour toi. J'ai eu peur que tu t'en veuilles à cause de ma stupidité. Et puis je me suis aussi violemment disputé avec l'intendante et le professeur de stratégie. »

Il conclut en avalant sa salive :

« Voilà. A toi. »

[Keen > Rappel temporel : les vacances n'ont duré que 2 semaines RP puisqu'elles ont duré deux mois IRL.]

Edit Keen > ouki disoulé =/

Erika regardait son bol avec la plus grande attention, cherchant à tout prix à éviter le regard de son ami. Elle savait que si elle le croisait, elle ne saurait lui mentir. Aussi fixait-t-elle le bol. Keen lui répondit au début sobrement puis ajouta qu'il fallait dire la vérité. Vérité qui la toucha car il s'était inquiété pour elle, au passage elle en rougit, mais également parce qu'il semblait avoir passé de mauvaises vacances.

"Que ... que s'est-il passé avec l'intendante et le professeur ?" demanda-t-elle, d'une voix où perçait l'inquiétude.

Elle se décida ensuite à raconter ses propres vacances, se disant qu'il fallait être honnête. Il l'avait été et de plus c'était un ami précieux, elle pouvait lui faire confiance.
Elle commença d'une petite voix :

"Je te cherchais, je me suis changée en louve et comme je n'allais pas bien, elle a gagnée. Je suis donc allée en forêt et inconsciemment, retournée vers mes parents."

Elle s'arrêta, cherchant ses mots, perdus au fond de sa gorge puis reprit :

"Je les ai vite trouvé, les pattes d'un loup sont rapides pour ça. Mais je ne les ai pas approché, je n'ai pas pu."

Cette fois-ci des larmes perlèrent à ses yeux. Elle reprit presque dans un sanglot :

"Ils sont heureux sans moi, tu sais je les comprends. Ils ont leur vie et semblent m'avoir oubliée, j'ai même remarquer que ma soeur semblait moins sombre. Je ne les ai pas approchés à cause de cela, ils étaient tant heureux et moi je ne suis qu'une gène pour eux, je m'en suis rendue compte. Pendant toutes les vacances je les ai épiés, espérant qu'il me reconnaitrait, comme avant, mais rien, ils ne me voyaient pas. J'avais ... j'avais l'impression d'être un fantôme."

Elle sanglota quelque peu, soulagée de s'être confiée et désolée d'avoir coupé la parole. Elle l'avait fait sentant que son courage ne serait sinon pas suffisant si elle attendait pour tout lui avouer.
Pourtant la question qu'elle lui avait posé un peu plus tôt l'angoissait réellement.

Erika se mit à raconter ses vacances, vacances qui auraient dû être source de repos, vacances qui ne furent qu'un très mauvais moment pour la jeune fille. Elle enchaînait les phrases comme un Elfe enchaînerait des flèches et à chaques syllabes, sa voix sanglotait, à chaques syllabes, des gouttes vinrent perler aux coins de ses yeux d'habitudes si chaleureux. Keen assista impuissant aux aveux de son amie sans oser l'interrompre, sans savoir que faire. Il ne s'était pas douté que sa question aurait été si déplacée. Une fois qu'Erika ait vidé son sac, ses épaules se mirent à tremblotter. Décidant d'agir, l'étudiant de l'Eau saisit la main de son amie qui tenait fermement la nappe blanche pour contenir ses sanglots et lui dit avec un sourire :

« Ils ne sont pas heureux sans toi, c'est juste qu'ils ont appris à vivre sans toi. Tu es partie il y a de ça un an et j'imagine que ça n'a pas été facile pour eux. Mais la vie continue ; il ne vont pas faire deuil jusqu'à ce que tu reviennes, tu sais... »

Il se souvint alors de la question que lui avait posé Erika il y a deux minutes. Mais ça n'aurait fais que l'inquiéter pour rien, d'autant plus que finalement, ce n'était qu'un broutille sans interêt ! Il dit donc simplement :

« Entre l'intendante, le prof et moi, il s'est presque rien passé, juste une p'tite histoire ! (Il rajouta en avisant le regard soupsonneux de son amie) J't'assure ! Me regarde pas comme ça. »

Il sourit à Erika, décidant que la moitié de ses problèmes étaient résolus et qu'il n'allait pas vivre avec des remords toute sa scolarité. Puis, après avoir lançé une dizaine de regards tentants vers un saladier blanc cassé, il dit sur un ton jovial :

« T'es partante pour une petite salade de fruits ? Perso, oui ! »

Il saisit le saladier puis remplit d'une main lourde les deux bols. Enfin, il entama son désert.

Erika avait en effet vidé son sac et se sentait un peu mieux bien que sa question soit restée en suspend. Finalement elle ne le resta pas longtemps car l'élémentaliste de l'eau y répondit. Il semblait ne pas vouloir l'inquiéter et sa remarque la fit sourire. Elle n'ajouta rien et se clama un peu.

Elle laissa son ami changer de sujet et se remit de toute ses forces à sourire pour chasser son chagrin. Elle sourit réellement le voyant lorgner sur la salade de fruits avec appétit. Elle tendit donc son bol pour l'inciter à le servir et ajouta d'une voix plus joyeuse :

"J'en veux bien un 'tit peu s'il-te-plait ^^"

Elle sourit encore de plus belle et se mit à manger, ne sachant si elle devait poursuivre et enquêter sur ce qui s'était passé avec l'intendante ou non. Elle décida que s'il le voulait il lui en parlerait. Elle mangea donc, ne sachant que dire.

[Désolée c'est horriblement mauvais ce rp mais je n'ai pas d'inspiration et je ne veux pas te pénaliser pour autant...]

Keen avait rendu le sourire à son amie, c'était tout ce qu'il voulait. Le regard rieur et la bouche étirée avait pris la place des larmes et des sanglots, au grand bonheur de l'étudiant de l'Eau qui termina son bol de salade rapidement. Il attendit donc que son amie en fasse de même puis, une fois que la jeune fille ait avalé sa dernière part de fruits, il la dévisagea. Erika sous son allure de petite fille avait en réalité 17 ans... un sortilège que lui avait lancé sa soeur, se rappela Keen. Et désormais, ses parents vivent leurs vies sans lui prêter attention... Avec un passé aussi douloureux, comment pouvait-elle garder le sourire et la joie de vivre aussi souvent ? "Sourire, avancer à pas sûrs pour ne pas qu'on voit se qui se cache derrière la porte. Un scandale honteux, un crime, une déception amoureuse. On peut tout cacher avec un sourire"... Keen soupira silencieusement. A côté de son amie, ses problèmes à lui n'était qu'une broutille et pourtant, il semblait plus triste qu'Erika. C'était une preuve de faiblesse. Il a beau être un peu plus grand que son amie, il était plus faible qu'elle. Il devait changer. L'année qui arrivait devait changer. Le temps passe, les vies changent... admettre que l'on est faible est déjà une grande force, finalement...
Keen dit d'un ton jovial :

« Ca m'a fait très plaisir de te revoir ! »

Les meilleures choses ont une fin ; le dîner est terminé, le soleil est presque couché, les deux amis se sont retrouvés... tout est propice à une bonne nuit de sommeil. Keen proposa :

« On se dirige vers les cabanons ? C'est dur de l'admettre mais on reprend dans deux jours ! Il me reste deux trois choses à acheter à Farzer, demain matin. »

Il attendit donc que son amie retrouvée acquiesse.

Erika mangea non sans appétit les derniers fruits présents dans son bol puis rangea aussi bien celui-ci que celui de Keen à l'endroit où les cantiniers ramassaient la vaisselle sale.
Une fois ceci fait, elle retourna s'assoir en compagnie de Keen auquel elle offrit un sourire sincère. A sa "déclaration" elle sourit de plus belle et lui répondit de sa petite voix douce :

"Tu m'as beaucoup manqué aussi ! Je suis heureuse de te revoir enfin."

Ayant avoué cela, elle posa son regard sur la fenêtre et il se perdit au loin. Elle remarqua que le soleil déclinait lentement mais surement et la proposition de son ami était à ses yeux une remarque plus sure. Elle sourit donc, décidée à le suivre.

"Tu as raison, filons au cabanon, dans deux jours nous reprenons, il ne faudrait pas accumuler de la fatigue inutilement !"

Elle lui sourit, saisit sa main et se leva de sa chaise. Après l'avoir rabattue soigneusement, ils se mirent en route.

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