Le sentiment de liberté infinie s’effaça soudain. Le ciel ne semblait tout à coup moins accessible. Les nuages et le soleil qui lui avaient tendu les bras n’étaient plus aussi accueillants. L’oiseau de feu ne comprit d’abord pas pourquoi il en était ainsi. Il remua de ses ailes enflammées, pour continuer à s’approcher de cette boule de feu irrésistible. Mais aussi magnifiques et puissantes qu’elles soient, elles ne lui obéirent pas. Et pour cause, elles n’étaient plus là.
Le phœnix devenu nuage de fumée puis cendres s’effondra sur le sol. On aurait jamais pensé, en voyant le triste tas gris, qu’un instant plus tôt, il s’agissait d’une aussi belle bête, qui aurait pu s’acoquiner avec le soleil. S’était-il montré aussi présomptueux qu’Icare ?
Mais ne désespérez pas ! Cet oiseau magique renaîtra de ses cendres. D’ailleurs, déjà la poussière s’était rassemblée, et d’autres, sorties de nulle part s’étaient accumulées. Et, inconsciemment, la jeune fille aux cheveux bleus en était la cause… Car ce n’était pas un oiseau que s’efforçait de former le tas de poussières.
Une patte se détacha de la masse informe. Puis une autre, une autre et enfin une dernière. Le corps prenait une musculature impressionnante, et la tête, un museau moustachu. Les traits se précisaient, et le doute n’était plus permis quant à l’identité de cette création. La cendre tomba soudain, dévoilant un pelage rouge pancarte, des griffes et des crocs acérés, une crinière aux mille flammes rougeoyantes, assortie à l’extrémité de sa queue, qui battait l’air avec nonchalance. Les yeux écarlates fixaient l’élève abasourdie. Jamais celle-ci ne serait apte à maîtriser une telle bestiole. Et le rugissement que poussant le lion de feu vint confirmer ses soupçons.
Il lui fut pourtant impossible de bouger. Alors qu’elle aurait dû prendre ses jambes à son cou et fuir, elle resta plantée, ses yeux rouges plantés dans ceux, identiques, du lion. Elle ne bougea pas plus lorsque la bête se tassa, rassemblant sa monstrueuse musculature. Pas non plus lorsqu’elle s’élança. Droit sur elle. Elle se contenta de fermer les yeux quand le félin arrivait sur elle. Elle eut seulement le temps de voir sa gueule grande ouverte bien trop proche de son pauvre bras nu. La douleur suivit. Atroce. Elle allait mourir. C’était inévitable. D’ailleurs elle n’avait déjà plus de bras.
Plus de bras ? Tiens… Comment se faisait-il que sa mâchoire ne lui ait pas complètement broyé ? Pourquoi sentait-elle seulement une douleur à l’avant-bras ? Et pourquoi le lion ne l’achevait-elle pas ?
Elle se risqua à ouvrir un œil. Rien. De nouveau un tas de cendre.
Si son avant-bras n’avait pas été largement ouvert, elle aurait pu croire à un rêve. Mais avant qu’un tout autre carnivore ait pu naître des restes du lion, elle s’était précipitée vers l’infirmerie, retrouvant enfin l’usage de ses jambes…
[Pas le temps de me relire, désolée pour les fautes !]